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« Les bonheurs de l’Art », de Saverio Tomasella

  • Saverio Tomasella, Les bonheurs de l’Art, 18 oeuvres majeures pour changer son regard sur la vie et être heureux, Ed. Eyrolles, 16,9€.
©DeeplySensitive

Il y a quelque temps, j’ai eu la grande joie de recevoir en avant-première le nouvel ouvrage à paraître de Saverio Tomasella, Les bonheurs de l’Art. J’ai en effet participé, il y a plusieurs semaines de cela, à un petit concours organisé sur la page Instagram de Babelio afin d’avoir le plaisir de participer à une soirée conviviale autour de cette nouvelle parution. La publication officielle étant prévue le 16 septembre 2021, je me suis dit que j’allais vous faire une revue en avant-première également ! (Je suis un peu fière sur ce coup je dois l’avouer.. D’autant plus que depuis bientôt quatre ans maintenant, Saverio Tomasella est un mentor pour moi, et le rencontrer en vrai m’a rendu Joie absolue.. Du coup j’ai le droit non ..? )


Pour revenir un peu en arrière, je vous disais dans un précédent article que j’avais fait mes études supérieures en Histoire de l’Art. Passionnés par les arts, nous avons d’ailleurs créé un concept autour de ce sujet avec David au mois de juin. Notre “Galerie Sensible” présente chaque mois une oeuvre avec non pas une analyse d’oeuvre, mais plutôt une analyse sensible. Que ressentons-nous face à telle oeuvre ? Qu’est ce qu’elle nous évoque ? Nous trouvions intéressant de comparer chacun nos points de vue, aussi différents soient-ils, d’avoir les vôtres également, afin de démontrer que la sensibilité est unique à chaque personne. Autant vous dire que lorsque j’ai vu que Saverio Tomasella, publiait un ouvrage sur ce thème, je me suis dit que ce livre était fait pour moi. Ce livre est un très bel objet. Quand je l’ai feuilleté pour la première fois, j’ai eu l’impression d’avoir un catalogue d’exposition entre les mains, autant par la qualité du papier que par la mise en page épurée et élégante.

Ayant pour sous-titre “18 oeuvres majeures pour changer son regard sur la vie et être heureux”, ce livre aborde de manière très poétique la sensibilité et les émotions que nous pouvons ressentir au contact de l’art. L’auteur fait véritablement l’éloge de la sensibilité à travers l’art, et qui plus est à travers des oeuvres qui sont peu montrées au grand public. En parcourant le sommaire, j’étais très contente d’y lire les noms d’artistes que j’aime particulièrement, tels que Raoul Duffy, Marc Chagall, Pierre Bonnard, Claude Monet ou encore Antoine Watteau. J’avais vraiment hâte de redécouvrir ces oeuvres sous un nouveau regard, celui de Saverio Tomasella. 

L’oeuvre d’art, médiatrice de différents regards

Berthe Morisot, Dans le parc, huile sur toile, 1874, H. 72,5 cm ; L. 91,8 cm, Paris, Petit Palais. ©Wikipédia

Comme dans beaucoup de ses ouvrages, l’auteur débute chaque chapitre par une citation. Celle qui ouvre la balade a fortement résonné en moi. Elle dit : “Les plus belles choses de la vie ne peuvent pas être décrites, on ne peut rien entendre ni lire sur elles. Elles ne peuvent qu’être vécues.” Je crois que Soren Kierkegaard a tout à fait raison. Les plus belles choses de la vie ne peuvent pas être décrites mais simplement vécues. En effet, lorsque nous regardons par exemple une oeuvre d’art, nous sommes pris d’émotions très différentes et il est parfois difficile de les expliquer. Je pense que cela s’explique par le fait qu’une oeuvre nous renvoie à des choses intérieures, parfois profondes en nous, et c’est pour cela que l’art nous touche autant. 

L’art contient une certaine intensité et des émotions. Certaines œuvres d’art ont la “capacité d’agrandir en nous nos propres émotions” (Pr. Jean-Pierre Changeux, neurobiologiste). Elles nous stimulent. Saviez-vous que face à une œuvre, une émotion naît en seulement trois cent millisecondes ? Impressionnant n’est-ce pas ? On comprend mieux le syndrome de Stendhal… Il est vrai que beaucoup d’éléments contextuels entrent en compte lorsqu’on regarde une œuvre. Couleurs, motifs, visages… Nous associons tout cela à des humeurs et cela résonne de diverses façons chez nous. En observant une œuvre, on reçoit une vérité, et notre intériorité s’extériorise un court instant… D’une certaine manière, nous donnons une part de nous en regardant une oeuvre. Elles font surgir des émotions qui dépendent de notre vécu et de nos expériences personnelles… Et pourtant, chaque oeuvre permet de se connecter aux autres. Quelque chose nous rassemble les uns aux autres. L’art est une rencontre et permet de se connecter aux émotions des autres, bien que différentes selon chacun.e. Cette rencontre permet de se connecter à l’environnement, à l’artiste et à nous même en tant qu’êtres humains. Les oeuvres sont des médiatrices de différents regards : le nôtre, celui de l’artiste et celui des autres spectateurs. Dans cet ouvrage, les émotions de Saverio Tomasella face aux tableaux ne seront peut-être pas les vôtres, mais vous en éprouverez d’autres… D’ailleurs, dans ce livre, sûrement le plus personnel de tous, l’auteur dévoile des souvenirs d’enfance, des morceaux de vies qui n’appartiennent qu’à lui et qui surgissent en observant les oeuvres dont il nous parle de manière si poétique.

Une balade poétique et pratique de la vie dans l’art

Odilon Redon, Le Bouddha, debout, de face, yeux clos, tenant due bâton dans la main, pastel, c.1905, H. 90 cm ; L. 73 cm, Paris, Musée d’Orsay. ©RMN

Au début de notre lecture, l’auteur nous propose de partir en balade… Page après page, oeuvre après oeuvre, c’est en effet une jolie promenade artistique et sensible qui s’ouvre à nous. Tantôt en ville, tantôt à la campagne ; tantôt seul.e, tantôt accompagné.e ; tantôt en hiver, tantôt sous la chaleur du soleil ; un large panorama nous est offert. Cette balade m’a fait beaucoup de bien. J’ai trouvé très agréable le fait de lire un ouvrage d’art où les oeuvres sont décrites de manière légère. Nul besoin d’être un érudit pour comprendre les oeuvres. Ce n’est pas l’Histoire et l’analyse plastique qui prime, mais bel et bien les émotions et l’approche pratique de la vie dans l’art qui compte plus que l’analyse intellectuelle. L’auteur désacralise l’art, et ce livre est à la portée de chaque personne ayant envie de faire un voyage et de partir à la découverte de nouveaux regards, le tout accompagné par un discours positif et éclairé. 

Cet ouvrage représentait un lointain rêve pour Saverio Tomasella. C’était un projet qui mijotait dans sa tête et dans son coeur depuis plusieurs années, et il y a mis son âme. De loin le plus personnel de ses ouvrages, il se livre sur ses souvenirs d’enfance, sur ses parents… C’est à travers ces souvenirs que l’on comprend l’intérêt artistique de Saverio Tomasella : amis artistes, peintres, scolarité au lysée musical, tout son environnement d’enfant était artistique. Ce livre est une balade dans l’art, mais aussi une balade dans les souvenirs de l’auteur. En nous invitant à la contemplation des oeuvres proposées, en nou suggérant de prendre le temps de les observer, l’auteur nous offre la possibilité de regarder aussi à l’intérieur de nous, dans notre vie intérieure, et peut être dans nos propres souvenirs. C’est une expérience qui se fait avec le coeur, et cela ajoute un petit quelque chose de particulier dans l’approche que nous faisons de ce livre… Cela ajoute de la poésie. D’ailleurs, la poésie est omniprésente dans cet ouvrage. Plus qu’une balade artistique, c’est un voyage poétique qui débute à la lecture de cet ouvrage, magnifique, aux mots pertinents, justes et beaux. La poésie n’est-elle pas l’espace de rencontre de tous les arts ? 

“L’art n’en est pas s’il n’est pas poétique.” S.Tomasella

Une expérience de synesthésie

L’auteur évoque à plusieurs reprises le risque que présente une image de nous enfermer, et je trouve qu’à travers ses mots, les frontières des oeuvres qu’il nous propose de voir s’estompent à chaque paragraphe et à chaque mot un peu plus. Nous ne restons pas coincés dans une oeuvre, nous allons au-delà. 

Mélissa McCracken, Imagine, John Lennon, 2015. ©MelissaMcCracken.

J’évoquais un peu plus haut la volonté de l’auteur de désacraliser l’art à travers sa balade, en se concentrant davantage sur les perceptions, sensations et émotions ressenties au contact de l’art plutôt qu’à travers une analyse purement formelle et plastique. Pour cela, Saverio Tomasella nous propose d’expérimenter des expériences de synesthésie. La synesthésie est une interaction sensorielle qui stimule un sens par un autre. Par exemple, lorsque l’audition d’un son ou d’une musique produit la visualisation d’une couleur ou d’une image, il s’agit de synesthésie. Les deux sens se rejoignent et créent ensemble quelque chose de merveilleux. (Si cela vous intéresse, je vous invite à découvrir la fabuleuse artiste peintre Mélissa McCracken qui peint ce qu’elle entend. Cela donne des toiles absolument superbes…). 

Saverio Tomasella propose donc, en plus des peintures et sculptures, de nous faire écouter des morceaux de musique afin de nous mettre pleinement dans l’ambiance et dans l’humeur qu’une oeuvre lui a évoqué. C’est très intéressant d’écouter une musique et d’observer en même temps un tableau. Selon la musique, la perception de celui-ci peut changer du tout au tout. Véritable expérience multisensorielle de l’art, c’était tout à fait nouveau pour moi, même si lier écoute et vision est quelque chose que nous faisons souvent sans nous en rendre compte. Ca peut aller de conduire en écoutant la radio, mettre de la musique au travail, ou tout simplement les musiques qui accompagnent les scènes dans les films… Je vous propose à votre tour d’expérimenter cela et de voir ce que cela fait surgir en vous. Si vous testez, n’hésitez pas à partager votre expérience en commentaire 🙂

De l’ombre à la lumière

Plus qu'une balade artistique, ce livre est un voyage poétique, un retour à la sensorialité, aux perceptions et aux émotions.
Antoine Watteau, Embarquement pour Cythère, huile sur toile, 1717, H. 129 cm; L. 194 cm, Paris, Musée du Louvre. (détail). ©Musée du Louvre

Ce qui est bien avec ce livre, c’est que vous n’êtes pas obligé de suivre l’ordre défini. Il n’y a d’ailleurs pas tellement de sens de lecture. On peut aller et venir comme on le souhaite. C’est en feuilletant les pages qu’un détail que j’ai beaucoup aimé m’a sauté au yeux. Nous commençons la balade par une oeuvre de Walter Elmer Schofield intitulée Le froid de l’hiver, et nous l’achevons par la chaleur de l’amour d’Antoine Watteau et son tableau Embarquement pour l’île de Cythère. C’est comme si la balade nous avait empli de joie et de chaleur humaine… J’ai trouvé cette touche très intéressante, et je me suis demandé si cela était fait exprès ou non. Lors de la soirée organisée par Babelio à laquelle j’ai participé, j’ai eu ma réponse. Cela était un effet tout à fait escompté. En effet, l’auteur à voulu transmuter ce qui est de l’ordre de l’obscurité en lumière. Cette balade initiatique nous emmène ainsi du plus sombre au plus lumineux…

Vers la révolution sensible

Que serait un ouvrage de Saverio Tomasella sans évoquer la révolution sensible qu’il a initiée il y a plusieurs années et qu’il tente de transmettre ? Révolution ou évolution, l’auteur est un révolutionnaire tranquille et sensible qui prône la joie et l’amour. Selon lui, chaque changement s’effectue depuis l’intérieur afin de nous mettre sur la voie. A travers l’art, la poésie et ses souvenirs, il nous encourage nous aussi à exprimer notre sensibilité. Après tout, que risque t-on à montrer sa sensibilité si ce n’est faire s’en aller notre “moi” social. Il n’y a pas de honte de ressentir une émotion, quand bien même elle serait très intense. Faisons preuve d’intelligence sensible, exprimons-nous. L’art peut nous donner la voix nécessaire pour cela. 


Est-ce que ce livre vous a donné envie ? Aimez-vous l’art ? N’hésitez pas à laisser un commentaire, je serais ravie de vous lire. A très vite,


Un petit BONUS en vidéo…

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2 commentaires sur “« Les bonheurs de l’Art », de Saverio Tomasella”