Le mois de septembre marque les retours en classe et la fin de l’été. C’est le moment où chacun se remémore les instants passés et garde les souvenirs de l’été écoulé bien au chaud pour s’en rappeler durant la période hivernale. Après un début d’année particulièrement rude émotionnellement, cet été, pour moi, fut plus calme et synonyme de retrouvailles, tant physiques que spirituelles.
J’ai passé un début d’année chaotique… J’ai enchaîné galère sur galère, avec en prime une expérience particulièrement traumatisante… J’étais fatigué mentalement et physiquement… Pour remédier à tout ça rapidement, j’ai fait ce que la société me demande : me remettre de mes émotions au plus vite et avancer. Sauf que mon corps m’a bien fait comprendre qu’il n’en serait pas ainsi. J’étais couvert d’eczéma… Et puis les beaux jours sont arrivés, avec leur lot de retrouvailles, de moments légers et de joies. Enfin, les jours plus longs, on va dire, car je pense que nous sommes tous d’accord pour dire que cette année fut particulièrement pluvieuse. Mais ni la météo, ni les tracas passés et quotidiens n’ont gâché mon été. Et ce, grâce en partie à la venue de ma tante et de ma grand-mère, originaires de La Réunion. Si j’avais vu ma tante l’année dernière, cette année, ma grand-mère faisait partie du voyage. Cela faisait sept ans que nous ne nous étions pas vus, et les retrouvailles furent émouvantes, tant elles nous ont permis de nous retrouver mais aussi de me retrouver..
J’attendais ce moment avec impatience. Je comptais les jours depuis l’annonce de leur arrivée. Et elles étaient là, toutes les deux devant moi. Quel fut mon plaisir de les prendre toutes les deux dans mes bras ! Elles restaient pour deux mois. J’avais pris des vacances en conséquence pour passer du temps avec ma grand-mère. Un peu plus compliqué d’allier mon agenda avec celui de ma tante, mais nous avons réussi tout de même à nous voir et à partager de bons moments. Je ne pensais pas que passer du temps avec ma grand-mère allait me permettre de renouer avec de nombreuses parties de moi-même. Elle a passé quelques jours chez moi. Je lui avais concocté un programme aux petits oignons : quelques visites de lieux qu’elle avait fréquentés pour raviver des souvenirs, quelques activités détente que nous aimions faire tous les deux (puzzle et jeux de cartes), un peu de jeu vidéo (elle adore Tomb Raider) et une promenade en nature pour qu’elle puisse observer les cygnes et les oies sauvages ; le tout saupoudré de petites attentions. En faisant toutes ces activités à ses côtés, j’ai profité de l’instant présent et j’ai ravivé des souvenirs de mon enfance et de mon adolescence. Elle nous gardait souvent, mon frère, ma petite sœur et moi, et en grandissant, j’avais gardé cette habitude de la voir régulièrement. Cette petite escapade dans la région parisienne nous a permis de revivre certains moments, comme si nous ne nous étions jamais quittés. J’avançais à son rythme, je la ménageais pour ses douleurs. J’étais totalement concentré pour qu’on son voyage en métropole soit inoubliable et en même temps renouer avec le jeune homme qu’elle avait quitté il y a 7 ans.
J’ai une admiration débordante pour ma grand-mère. Elle est pour moi un modèle de résilience, de douceur et d’éducation. Dans une époque de guerre où les femmes avaient très peu de pouvoir face aux hommes, ma grand-mère a relevé tous les défis de sa vie et a fait beaucoup de sacrifices pour ses enfants tout en tapant du poing pour se faire respecter. La revoir, revivre nos moments et l’entendre me raconter des parties de sa vie m’ont fait beaucoup de bien, et j’ai réalisé à quel point j’ai besoin d’elle dans ma vie. En sept ans que nous ne nous étions pas vus, il y avait beaucoup de choses dont je ne lui avais pas parlé de peur de l’inquiéter, et finalement ce fut l’occasion de lui montrer l’homme que j’étais devenu qui finalement n’était pas si éloigné du jeune homme qu’elle a laissé. Elle fait partie des femmes (avec ma maman, ma tante et mon autre grand-mère) qui ont fait de moi l’homme que je suis aujourd’hui. Leur amour, leur sensibilité et leur vaillance sont un héritage que je chérirai toute ma vie. Ces instants passés ensemble, ainsi qu’avec le reste de ma famille, furent magiques. Et quand arriva le temps des au revoir, ce fut un véritable déchirement… J’ai beaucoup pleuré, mais je sais que nous nous retrouverons très bientôt.
Revoir ma grand-mère fut l’un des moments culminants de mon été, car il m’a permis de tout stopper un temps et de vivre le moment présent. Bien entendu, d’autres moments m’ont aussi permis de revenir à moi.
Plus haut, je vous racontais que j’ai joué le jeu que notre société nous impose : aller très vite, avancer et laisser ses émotions de côté. J’étais arrivé à un haut niveau d’anxiété et de sentiment d’insécurité. Je voulais que tout se règle rapidement et j’ai laissé peu de place à mes émotions… Si bien que j’avais l’impression de ne plus être hautement sensible. Ce n’était pas vraiment le cas, et je ferai sans doute un autre article pour vous l’expliquer. Finalement, ce qui m’a ramené à ma réalité, c’est l’Amour. L’Amour que nous partageons entre membres de la famille, entre conjoint·e·s, entre ami·e·s, entre êtres humains. Et en parlant d’Amour un événement particulier à raviver la flamme chez moi.
Cette année, nous avons accueilli les Jeux Olympiques. Vivant dans la région parisienne, la première chose qui m’est venue à l’esprit, ce sont les inconvénients qu’un tel événement allait engendrer dans notre quotidien. Finalement, pour ma part, j’ai été très peu impacté. Ce fut même plutôt plaisant, car la région parisienne était relativement déserte, donnant parfois l’impression que le temps s’était arrêté. Mais ce qui m’a le plus marqué, c’est la cérémonie d’ouverture, que j’ai trouvée magnifique. Elle fut pour moi comme une utopie qui se réalisait, un espoir qu’on puisse allier Tolérance, Émotion et Amour. Si bien que j’en ai pleuré (difficile de retenir mes larmes devant la chanson d’Édith Piaf tant j’aime ses paroles). De voir tous ces tableaux,cette représentativité et cette image d’un monde uni, mains dans les mains malgré la compétition, m’ont redonné espoir.
C’est donc bien l’Amour qui m’a permis de me retrouver et notamment celui que je partage avec mes amis, ma famille et la personne qui partage ma vie. Des rires, des joies, des pleurs aussi, mais toujours dans la pure bienveillance que nous nous portons. J’avais déjà écrit un article sur l’acceptation de sa haute sensibilité et l’importance de l’entourage, et sans nul doute, mon été a confirmé ce que je pensais. L’entourage aide grandement, quand il est bienveillant, à nous révéler et à nous aider davantage à être ce que nous sommes. Moi qui avais l’impression d’avoir perdu ma sensibilité, je me suis revu vivre mes émotions en pleine conscience. De les voir vivre et exprimer leurs émotions, m’a rappelé que moi aussi il fallait que j’en fasse de même. Je me suis rendu compte que je n’avais pas perdu ma sensibilité, mais que je ne prenais plus le temps de ressentir, d’analyser et de comprendre pourquoi je ressentais telle ou telle émotion. J’ai encore quelques traumatismes qui traînent, mais je vais prendre le temps de les guérir.
Aujourd’hui, tout n’est pas encore réglé. Mais j’ai déjà fait un grand pas en acceptant tout ce qui m’est arrivé cette année. Malgré ce retour d’automne assez difficile et plutôt rapide, je ressens malgré tout une profonde gratitude. Je me remémore mes souvenirs d’été. Je les serre contre moi pour me réchauffer et même si certains me font monter les larmes, je les laisse couler et me rappeler qui je suis. Car oui, cette année, il n’est plus question de laisser ses émotions de côté mais bien de les vivre pleinement.