C’est encore un préjugé bien ancré dans notre société, la sensibilité serait une affaire de femme. Les femmes seraient plus émotives, arriveraient à mieux gérer leurs émotions et à les exprimer. Idée totalement reçue qui a bien fait son chemin aujourd’hui, certains qualifiant les hommes sensibles de femmelettes. Ayant de plus en plus de mal avec cette scission que nous faisons entre les hommes et les femmes, notamment hautement sensibles, je souhaite ajouter ma pierre à l’édifice, non pas pour défendre les genres, mais bien pour démontrer que la sensibilité est universelle.
La sensibilité, une caractéristique féminine ?
Je suis convaincu que la sensibilité, n’est pas une caractéristique uniquement féminine. Mais j’ai voulu aller plus loin et faire quelques recherches. C’est ainsi que je suis tombé sur cet article du magazine LE VIF weekend qui relate les conclusions d’une enquête sur l’hippocampe, zone du cerveau dédiée à la mémoire et au traitement des émotions. Selon une enquête plutôt ancienne, cette partie du cerveau serait plus importante chez les femmes que chez les hommes, confirmant ainsi l’hypothèse que les femmes seraient plus sensibles que les hommes. Mais c’était sans compter les travaux d’une étude américaine pour contrer cette théorie et la résultante est probante : la taille de l’hippocampe est différente d’un individu à l’autre, hommes et femmes confondus. 76 études ont été menées impliquant 6000 participants d’âges et de milieux sociaux variés, beaucoup plus que la première étude menée. Voici les mots rapportés par le Dr Lise Eliot, en charge de la coordination des travaux : « Les différences anatomiques entre les hommes et les femmes sont souvent utilisées pour justifier des préjugés, tels que l’existence d’un « cerveau masculin » et d’un « cerveau féminin »(…) Mais ces études portent sur un nombre très limité de volontaires. Grâce à notre méta-analyse, nous avons constaté que ces différences sont en vérité minimes, voire insignifiantes. » Si nous partons donc de ce postulat, ça n’est nullement une question d’anatomie. En me lançant dans Deeply Sensitive, j’ai pu rencontrer de nombreux hommes hautement sensibles et certains hommes de mon entourage sont par ailleurs plus ouverts à moi et m’ont fait part de leur sensibilité. A contrario, j’ai rencontré des femmes très peu sensibles. Et cela c’est par ailleurs confirmé le jour de la journée mondiale de la sensibilité qui a eu lieu le 13 janvier dernier. J’ai été surpris de voir que beaucoup d’hommes étaient présents et qu’ils n’hésitaient pas à témoigner de leur sensibilité. Mais d’où vient alors ce préjugé ? Comment il a réussi à s’enliser durablement dans nos idées d’aujourd’hui ? Pour cela nous allons devoir revenir quelques années en arrière, voire très en arrière.
Changer l’image de la masculinité
Je ne vais pas vous refaire toute l’histoire sur le patriarcat, je pense que vous avez tous été victimes au moins une fois dans vos vies de ces idées reçues et archaïques qui malheureusement perdurent… Plusieurs fois d’ailleurs je l’ai évoqué sur le blog, la masculinité toxique est encore bien ancrée dans notre société et met à mal les femmes, les hommes et la sensibilité. Encore relayées au second plan car trop faibles, trop émotives, vues uniquement pour la reproduction, les femmes d’aujourd’hui doivent encore se battre pour leurs droits et ce tous les jours (pas uniquement le 8 mars)… Même si les esprits tendent à changer, il existe encore bien trop de discrimination faites envers les femmes. Et ne parlons pas des hommes dotés d’une grande sensibilité qui expriment leurs émotions et qui ont le droit à un flot d’injures en tout genre. On insulte un homme de femme. Donc être une femme serait péjoratif, une mauvaise chose. C’est une vision que je trouve cruelle. Encore ici, nous avons la preuve que la sensibilité est genrée, une caractéristique féminine qui est clairement un défaut, et qui enlève l’attribut masculin à un homme qui aurait aussi cette caractéristique. Bien souvent par ailleurs, nous associons également la sensibilité à l’orientation sexuelle et les personnes homosexuelles payent le prix fort ! Ces dernières années, nous remarquons que les actes homophobes se multiplient et atteignent une hausse de 55% rien qu’en Ile de France. Je me souviens d’un sketch d’Anthony Kavanagh qui met en scène un homme gay faisant son coming out : “Mais voyons papa je suis sensible, raffiné”. Je sais qu’il faut prendre les humoristes à la légère mais ce genre de discours prouve comment certaines pensées paraissent être évidentes, un homme gay = sensible. Dans l’autre sens ça donnerait donc une femme lesbienne = non sensible. Finalement je remarque que nous avons créé des boîtes partout et que nous avons catégorisé les gens. La singularité ne faisant pas partie de l’équation. Sauf que dans les faits c’est moins bien évident que ça. Si nous regardons toute la population, chaque être vivant est différent. Chacun avec sa sensibilité différente, que nous soyons un homme, une femme, personne non genrée, quelque soit notre orientation sexuelle. Il faut déconstruire cette image de l’homme viril à qui tout appartient et qui ne ressent rien. Cette image nous devons tous l’oublier et mettre sur un même pied d’égalité les hommes et les femmes. La masculinité doit être revue, avec des images d’hommes tous différents. Et je peux vous assurer que le jour où cette image sera bel et bien enterrée, nous arriverons plus facilement à vivre en harmonie.
La sensibilité est propre à chacun
Quel que soit votre sexe, quel que soit votre genre, quelque votre orientation sexuelle, chacun est unique. Nous sommes tous sensibles à quelque chose, avec chacun des degrés différents. Je vois de plus en plus de séances de coaching réservées exclusivement aux femmes ou réservées exclusivement aux hommes. Je comprends que les femmes atypiques sont beaucoup plus victimes de discrimination au sein de notre société, néanmoins je trouve que ce genre de pratiques ont tendance à nous séparer davantage. Parfois, quand je vois à quel point la masculinité toxique a détruit des vies et a créé autant d’injustices et de séparations, j’ai presque honte d’être un homme. Je me sens en quelque sorte responsable des actes commis par mes prédécesseurs. Ma vision a tellement évolué que je ne fais aucune différence, une personne quelle que soit la manière dont elle s’identifie pourra me parler de sa sensibilité sans que je la juge. Pourquoi pas nous mélanger, former un magnifique maillage. Avons-nous vraiment besoin de tout séparer ? Souvent je réécoute cette chanson d’Indochine, Troisième Sexe. Et je me dis que finalement elle est très puissante. Car elle est la métaphore d’un être humain unique. Et si nous étions tous cet être humain unique ?
Je ne sais pas si j’ai été suffisamment clair dans mon article, tant mes pensées se percutent dans ma tête. En vérité, il y a tant à dire sur ce sujet qu’on pourrait je suis sûr écrire un ouvrage. Je voulais juste vous faire ressentir que vous êtes bien plus que votre genre Que votre sensibilité, c’est un cadeau, qu’elle ne fait pas de vous un homme ou une femme, mais une personne unique. Un être humain.