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« Plus jamais harcelés », de Saverio Tomasella

Le 12 mai dernier, une jeune fille de 13 ans, Lindsay, s’est donné la mort suite au harcèlement dont elle était victime au collège. Son prénom s’ajoute à une longue liste de prénoms cités dans le dernier livre de Saverio Tomasella, Plus jamais harcelés. J’ai eu l’immense honneur de recevoir le livre et de pouvoir le lire et aujourd’hui je vous en parle.

Le harcèlement scolaire tue et quand il ne le fait pas, il laisse des traces à vie. En augmentation depuis quelques années, il devient de plus en plus insidieux notamment avec l’usage des réseaux sociaux. Brimades en classe, violences dans les couloirs, si le harcèlement scolaire se limitait auparavant qu’à l’enceinte des établissements et dans les rues, il est aujourd’hui devenu virtuel, dépassant les adultes et le corps enseignant. Mais il n’est pas impossible à combattre. Et c’est dans ce sens que l’ouvrage de Saverio Tomasella va. Loin d’être un livre dénonciateur, Saverio nous donne la définition du harcèlement, les profils de chacun des acteurs ainsi que des conseils pour y remédier. Rempli de références, de témoignages, d’études, etc… Nous retrouvons la bienveillance dont l’auteur fait preuve au quotidien.

Ce que j’ai apprécié justement c’est cette envie de comprendre, pourquoi ? L’analyse de chaque partie est poussée, allant de l’agresseur à la victime, en passant par les parents, les enseignants et les professionnels de la santé mentale. Tout se lit dans une communication non violente, avec des mots fluides, emplie d’une générosité qu’on retrouve dans de nombreux ouvrages de Saverio. Je fus énormément touché par les nombreux témoignages présents. Par ailleurs, d’autres témoignages très importants pour comprendre comment fonctionne le harcèlement sont évoqués, notamment ceux des victimes devenues elles-mêmes harceleuses, entre autres. J’ai trouvé également les pistes de solutions et de techniques pour stopper le harcèlement très intéressantes.

Le livre de Saverio m’a permis notamment de faire la comparaison avec ma propre expérience durant ma scolarité. J’en parlais dans un précédent article, mais j’ai notamment subi de nombreuses brimades dès la fin du primaire et durant toute ma période collège. Et aujourd’hui j’en subis encore les conséquences. Peur du regard des autres, d’être jugé, dévalorisation… Ces anciennes expériences me suivent toujours. De mon côté, tout a commencé en primaire… A l’époque j’étais souvent en centre aéré et c’est de là que tout est parti. J’ai commencé à avoir des questions dérangeantes du style : « t’es pédé, fille manquée, tapette… ». J’étais souvent pointé du doigt… C’est arrivé jusqu’à mon établissement en primaire et ça a vraiment été un fardeau lors de mon arrivée au collège. J’étais un garçon très sensible, différent des autres, déjà percé à l’oreille (avec l’autorisation de mes parents), donc une cible de choix pour les garçons… En classe, dans les vestiaires, dans la cour, je subissais souvent des remarques… Durant les cours de sport je n’étais absolument pas à l’aise et dans les vestiaires je n’avais qu’une hâte c’est d’en sortir au plus vite… Je n’en ai jamais parlé avant mais j’ai eu à plusieurs reprises des humiliations en classe. J’avais tellement honte que même jusqu’à aujourd’hui je n’ai jamais vraiment raconté ce qui s’est réellement passé. Mais avec du recul je me rends compte à quel point c’était grave pour moi et à quel point je l’ai enfoui très loin pour passer rapidement à autre chose. Heureusement et je dis bien heureusement, que j’avais des amis fidèles, qui, même s’ils ne savaient pas quoi faire quand on m’embêtait, ne m’ont jamais tourné le dos… Ma mère également a été d’un grand soutien. Je pouvais rentrer certains soirs totalement déprimé, à pleurer dans ses bras. Elle m’a toujours soutenu, sans non plus aller voir les autres élèves et heureusement, ça n’aurait fait qu’aggraver la situation (un point d’ailleurs évoqué dans le l’ouvrage). Même si je ne me laissais pas faire, c’était extrêmement perturbant et lourd à porter au quotidien. A cet âge, je n’avais aucune idée de mon orientation sexuelle. J’avais des remarques homophobes sans comprendre ceux qu’on me reprochait exactement. Quand ma famille a déménagé pour s’installer à la campagne, j’étais triste de quitter mes amis mais aussi soulager. Je savais que dans mon nouveau lycée, personne ne me connaissait et qu’on me laisserait tranquille. J’ai d’ailleurs passé mes deux dernières années plus ou moins tranquilles, mais les cours de sports étaient toujours terrifiants, surtout quand je voyais d’autres se faire harceler également.

Aujourd’hui je sais que ça m’a laissé des traces, notamment une colère qui m’a suivi très longtemps. Cette colère, je l’ai amenée tout le long de mes études pour montrer à ces personnes qu’elles ne m’avaient pas atteinte et que je réussirai à les surpasser. J’ai pardonné à ces personnes car je me doute qu’aujourd’hui elles sont totalement différentes, enfin je l’espère pour elles.

Si le sujet est encore d’actualité, c’est que nous avons chacun un rôle à jouer. En tant qu’exemple pour la génération actuelle et les futures, nous nous devons de délivrer des messages de tolérance. Montrons-leur que nous sommes tous uniques et que chacun à sa place. Je conseille vraiment à tout le monde l’ouvrage de Saverio, même au plus jeune. Je pense qu’il peut clairement aider tout le monde à mieux comprendre ses ressentis mais aussi ceux des autres. Mettons fin au harcèlement.

Pour lire des extraits de ce livre, rdv sur le site des éditions Vuibert en cliquant ici.

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