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Vice Versa 2 : Émotions Adolescents et Estime de Soi

C’était totalement inattendu… La maison aux grandes oreilles annonçait la suite d’un de mes Pixar favoris : Vice Versa 2. Presque 10 ans après le premier opus, nous allions retrouver la petite (ou grande) Riley et les aventures des 5 émotions qui logent dans son quartier cérébral. Annoncé comme le film de l’été 2024, j’ai patiemment attendu (avec beaucoup d’excitation cependant) sa sortie en juin dernier, puis un second visionnage pour vous faire cet article.

Vice Versa 2 commence 2 ans après les événements du premier. Riley est alors âgée de 13 ans et semble s’être très bien adaptée à San Francisco. Nous la retrouvons sur la glace, à disputer un match de hockey. Après une courte pénalité, celle-ci remporte le match en marquant un dernier but, acclamée par ses deux meilleures amies et sa famille. Elle est remarquée par la coach qui lui propose, ainsi qu’à ses amies, de faire un camp d’été dans le prochain lycée de Riley. C’est donc durant ce camp d’été que se déroule ce nouveau Vice Versa.

Tout semble aller au mieux dans le quartier cérébral de la jeune Riley. Chaque émotion occupe son rôle pour le bien de Riley. Petite nouveauté, une nouvelle salle dans laquelle Joie y ajoute des souvenirs provenant de diverses émotions et qui vont contribuer à l’estime de soi de Riley, symbolisé par une sorte de totem niché au cœur du quartier cérébral. Nous pouvons d’ailleurs voir que quand Joie pince une corde de l’estime de Riley, une affirmation est dite : comme une petite voix dans la tête de la jeune fille. Les îles de la personnalité de Riley sont toujours opérationnelles et actuellement Riley se perçoit comme une personne gentille, une superbe copine, notamment grâce au tri des souvenirs de la journée par Joie. En effet, celle-ci semble éjecter les souvenirs embarrassants hors de la mémoire à long terme, comme par exemple la pénalité que reçoit Riley au début du film.

Après l’annonce du camp d’été et durant la nuit, les émotions sont réveillées par un gyrophare et une alarme annonçant le début de la puberté de Riley. C’est d’ailleurs confirmé dès le matin à son réveil, avec une Riley à fleur de peau, réagissant extrêmement à la moindre émotion et la découverte de son odeur corporelle. Même si la scène est plutôt exagérée, nous reconnaissons tous ce passage entre l’âge enfant et l’âge adulte. Mais ce n’est pas la seule nouveauté qui va agiter Joie, Tristesse, Peur, Colère et Dégoût. De nouvelles émotions font leur apparition : Anxiété, Envie, Ennui et Embarras.

À partir de ce paragraphe pour celleux qui n’auraient pas vu le film, je vous conseille grandement de vous arrêter, au risque de vous faire sacrément spoiler.

Durant ce camp d’été de nombreux événements vont perturber Riley. Elle apprend que ses meilleures amies n’iront pas dans son prochain lycée et qu’en vérité ce camp d’été est une sélection cachée pour faire partie des Fire Hawks, une équipe de hockey qu’admire Riley. Voyant le désappointement de Riley et l’enjeu du camp, Anxiété après plusieurs conflits avec les « anciennes émotions », décide de prendre le contrôle du quartier cérébral en compagnie d’Envie, Ennui et Embarras en se débarrassant de l’équipe Joie et de l’estime de soi qu’ils ont construit pour Riley. Guidée par Anxiété et sa bande, Riley s’écarte de ses amies pour aller vers l’équipe des Fire Hawks, délaissant sa véritable personnalité pour mieux se faire accepter de la bande de Val. Pendant ce temps, Joie, Tristesse, Peur, Colère et Dégoût, se démènent dans les tréfonds de la mémoire pour revenir au quartier cérébral, sentant que quelque chose ne va pas.

Finalement Anxiété perd tout contrôle de Riley, construisant une perception d’elle-même totalement négative. Riley devient agressive, voire méchante, panique lors d’un isolement suite à une énième faute sur le terrain de hockey. Mais c’était sans compter sur le retour de Joie et des autres émotions pour remettre notre Riley sur les bons rails.

Personnellement ce nouveau Vice Versa m’a bousculé. Riley, par son passage dans la puberté, perd en quelque sorte son âme d’enfant et voit ses réactions quelque peu changées. D’ailleurs Joie dit cette phrase très importante dans un moment de moue : « Peut-être que Riley n’a plus besoin de moi. Peut-être que grandir veut dire que nous ne sommes plus heureux. » Cela a résonné tout de suite chez moi. En effet lorsque nous grandissons, nous ne trouvons plus le bonheur dans l’amusement mais dans d’autres domaines.

Autre fait marquant dans le film et qui fait écho à mon vécu : l’apparition d’Anxiété. C’est d’ailleurs une émotion qui aurait pu arriver plus tôt dans Vice Versa. Si nous regardons la roue des émotions, le sentiment d’anxiété est assigné à la peur. Ici, le choix scénaristique a donné lieu à une personnification de l’anxiété. Sans doute parce que c’est une émotion majeure que nous pouvons ressentir lors de l’adolescence et qui fait aussi écho à notre société actuelle : anxiogène. J’ai trouvé d’ailleurs la crise d’angoisse de Riley bien imaginée. En effet, à ce moment du film, dans un véritable tourbillon, Anxiété perd le contrôle des manettes et se retrouve totalement figée, laissant Riley qui peine à reprendre son souffle. Finalement Riley reprend le contrôle en prenant le temps de respirer.

L’autre point important à relever dans le film, la construction de l’estime de soi. Joie et Anxiété ont faux à son sujet dès le début. Joie pense que les souvenirs embarrassants doivent être refoulés pour que Riley ait une bonne estime d’elle-même, et Anxiété pense que l’estime de soi construit par Joie n’est plus d’actualité quand on « devient adulte »… Joie le comprendra qu’à la fin du film, mais ce sont ces diverses expériences qui vont forger l’estime de soi de Riley.

Comme je le disais précédemment, Vice Versa 2 m’a bousculé. Entre autres parce qu’il a évoqué pas mal de sujets qui ont fait écho chez moi. De nature angoissée, le personnage d’Anxiété m’a beaucoup parlé, m’aidant aussi à mieux comprendre ce que je ressentais. Même si je suis sorti moins joyeux que le précédent opus, j’ai beaucoup apprécié ce film. Les couleurs sont magnifiques, l’histoire est très belle et j’ai trouvé certains clins d’œil amusants. Ce que je retiendrais de ce Vice Versa est que non Joie, grandir ce n’est pas être moins heureux, peut-être moins insouciant.

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