Notre manière de concevoir des films de superhéros a bien changé. Si nous partions du schéma un méchant et un héros, aujourd’hui nous voyons de plus en plus de films (ou de séries) aux antagonistes beaucoup plus complexes. L’action est toujours bien présente, mais de nouvelles caractéristiques entrent en jeu pour faire de beaux longs métrages : les émotions. Nos héros changent, deviennent de moins en moins superficiels et gagnent en profondeur.
Si nous revenons quelques années (pas mal d’années) en arrière, les films de superhéros étaient moins nombreux et surtout très peu profonds. Puis de plus en plus, l’engouement du public s’est fait grandissant, les nombres d’entrées ont explosé faisant des films de superhéros une véritable ère dans la pop culture. Moi-même étant un grand fan du MCU (Marvel Cinematic Universe) et DCCU (DC Cinematic Universe), niveau film et série je suis plutôt comblé, notamment depuis l’ouverture de la plateforme de streaming Disney +. Ces derniers temps, j’ai pu observer que certains réalisateurs accentuent leurs longs métrages à davantage d’émotions que d’action. Si nous prenons en compte le dernier film de Matt Reeves, The Batman, celui-ci est bien plus sombre et accentue davantage ce que ressent Bruce Wayne. Le milliardaire de Gotham aime toujours autant les gadgets mais ils ne sont qu’artifice. En effet, notre cher homme chauve-souris est moins froid qu’à l’accoutumée, plus hésitant et peut être un peu plus tourmenté. Le film a quelques scènes d’action, mais qui viennent par-ci par-là pour agrémenter le film et pour ne pas perdre le public. Si nous prenons également son grand ennemi, le Joker, celui-ci a eu notamment le droit à son film réalisé par Todd Phillips. On y dépeint le personnage d’Arthur Fleck et toutes les raisons qui l’ont conduit à devenir le fameux clown tueur de la ville de Gotham. Joaquin Phoenix prend le rôle du personnage et lui donne des nuances que nous n’avions jamais vues jusqu’ici. Maltraitance, démence, dépression, harcèlement et agression, autant de situations bien connues que nous pourrions retrouver dans notre propre société. Nos superhéros et vilains se rapprochent de plus en plus de nous et sont beaucoup moins déshumanisés qu’auparavant. Nous ressentons davantage d’empathie pour eux et nous ne rêvons moins d’avoir leurs fameux pouvoirs.
Certains films peuvent paraître longs quand on décide d’approfondir ses personnages. Marvel l’a bien compris et pour mieux développer les histoires de ses antagonistes, la Maison Des Idées a développé plusieurs séries que nous pouvons retrouver sur la plateforme Disney +. Je me suis moi-même surpris à découvrir des séries avec des personnages attachants qui ont joué avec ma corde sensible. C’est le cas notamment de la série WandaVision, qui dès son premier épisode m’a touché en plein cœur. La série se positionne après les événements d’Avengers Infinity Wars et suit l’un des personnages qui a pratiquement tout perdu durant les dernières batailles, Wanda Maximoff. En plein déni des tragiques événements qui ont marqué sa vie, celle-ci décide de se créer une réalité alternative dans laquelle elle vivra son bonheur avec son défunt conjoint, Vision. Sa réalisatrice Jacqueline Schaeffer, s’amuse avec les formats de la série tout en donnant de la profondeur à son personnage meurtri. Rejet de la réalité, dépression, crise de panique, prise de conscience, Wanda finit par se faire raison. Elle accepte ses émotions et finit par devenir véritablement elle-même, et en pleine possession de ses pouvoirs (ben oui il faut bien un peu de magie quand même). Tout récemment, Marvel, aux côtés du réalisateur Jeremy Slater, a fait le choix de donner vie au héros Moon Knight, inspiré de l’univers égyptien. Oscar Isaac y joue un homme aux multiples personnalités. Steve Grant, amateur de la mythologie égyptienne et Mark Spektor, mercenaire aguerri, partagent tous deux le même corps mais ont des personnalités bien distinctes. L’acteur se distingue par son jeu d’acteur et nous donne vraiment l’impression que deux entités coexistent. La maladie mentale est au cœur de la série, sous fond d’une quête nous dévoilant les querelles des dieux égyptiens. Nous apprenons dans la série que Mark a créé Steve Grant suite à la mort de sa mère. Comme pour se créer lui un monde parallèle dans sa tête dans laquelle sa mère serait en vie. Le superhéros est complexe, doit faire face à de nombreuses émotions comme le deuil, la colère, etc. ; le rendant attachant.
Vous l’aurez compris, les grandes productions tentent de s’éloigner du stéréotype des superhéros dénués d’émotions. Même s’il y a encore de grands progrès à faire pour ne pas promouvoir la masculinité toxique, nos personnages gagnent en profondeur et se rapprochent du commun des mortels. À voir si ces nouvelles directions vont conquérir un public frivole d’action plus que d’émotions. En tout cas, de mon côté j’y adhère et je n’hésite pas à verser des larmes au cinéma ou depuis mon canapé.