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Apprendre la Singularité à l’école

La phobie scolaire fut l’un des grands thèmes autour duquel les élèves de terminal devaient débattre pour leur sujet de grand oral. Ce fut notamment le cas de ma petite sœur qui a dû préparer ce sujet au mois de juin dernier. Elle m’en a fait part et j’avais envie de me prêter moi aussi au jeu. Même s’il est difficile à quantifier, d’après le site Santé Publique France, la phobie scolaire toucherait environ 4 à 10% des élèves. Selon l’Inserm les causes peuvent varier allant à des refus d’aller en classe due à l’état de santé plus ou moins grave de l’élève, mais dans une grande majorité des cas elle est souvent la cause du harcèlement scolaire subi par l’élève. Harcèlement parfois destructeur, qui joue un grand rôle dans la déscolarisation, voire pousser un élève au suicide dans les cas les plus graves. Comment gère-t-on cette phobie scolaire actuellement ? Qu’est ce qui pourrait contrer le harcèlement ? Je vais tenter d’y répondre dans cet article.

Avant d’entamer mes études dans le commerce et plus tard dans la communication, j’avais pour projet de devenir professeur d’Histoire Géographie. J’ai donc fait une première année en faculté. Même si je n’ai pas poursuivi, j’y ai quand même appris beaucoup de choses, notamment lors d’un module de préprofessionnalisation aux métiers de l’enseignement. Je me souviens de cette phrase dite par l’intervenante de ce module : « A l’école nous formons des futurs citoyens. Les règles de grammaire ne sont pas faites uniquement pour instruire mais pour les habituer à suivre des règles. » A cette époque la phrase m’avait interpellé, mais n’ayant pas la maturité suffisante, je n’y ai pas prêté plus d’attention. Pourtant c’est plutôt clair. Nos enfants n’apprennent pas à être mais à devenir. Nous les formons pour qu’ils puissent plus tard rentrer dans une case et se conformer et non à laisser exprimer leur être. Nous laissons donc peu de place à la singularité. Nos enfants grandissent donc avec l’idée qu’il faut se fier à la norme. Et si un enfant sort de cette norme par quelles causes que ce soit, il peut vite devenir victime de harcèlement scolaire. 

Le harcèlement scolaire, un phénomène bien présent dans nos établissements scolaires et qui poussent certains jeunes au suicide. C’est notamment le thème du dernier livre de Saverio Tomasella, Plus jamais harcelé, En finir avec la Maltraitance entre adolescent, dont vous pouvez retrouver ma chronique juste ici. Je conseille grandement son ouvrage tant il est complet et qu’il explique de manières claires son fonctionnement. Le suicide est le cas le plus grave, l’enfant ne trouvant plus d’issus préfère se donner la mort. Dans d’autres cas, il peut mener à la phobie scolaire et à la déscolarisation voulue de la victime. En apprenant à nos élèves à entrer dans une case, ils oublient qu’ils sont tous uniques. Si bien que si l’un d’eux sort de cette norme, il devient la risée des autres. Bien souvent pour me rendre au travail je passe devant un lycée, et je me suis souvent fait la réflexion que les élèves étaient tous habillés de la même manière. Je trouvais ça un peu triste… Mais avec du recul je comprends mieux, car un semblant de différence peut provoquer les foudres d’un groupe d’élèves. C’est pour eux plus facile de se fondre dans la masse et d’avoir l’aval d’un groupe, plutôt que d’exprimer de quelques manières que ce soit, sa singularité, au risque d’être rejeté voire malmené. Pourquoi certains élèves s’en prennent à d’autres quand ils osent exprimer leur singularité ? C’est que sans doute on ne nous apprend pas à être nous même. A comprendre que nous sommes uniques et que chacun est différent. 

Il m’a fallu plusieurs années pour comprendre que ma singularité était ma force. Et c’est en l’acceptant que j’ai accepté celles des autres. Et je me dis que tout cela j’aurais pu l’apprendre bien plus tôt. Si j’avais appris ce que sont les émotions, à comprendre la manière dont je les ressens, que nous avons tous des différences, je suis certain que j’aurais passé une tout autre scolarité et que j’aurais su bien plus tôt mes véritables aspirations. De nombreux adultes grandissent en devant suivre une thérapie car ils ne savent plus qui ils sont. Si bien qu’il faut parfois les déconstruire, examiner les croyances limitantes inculquées jeunes et revenir à soi, son vrai soi. J’ai trouvé ça particulièrement intéressant. Aujourd’hui c’est quand nous avançons dans la vie que nous apprenons que certains souvenirs d’enfance peuvent ressurgir une fois adulte et être à l’origine de véritables troubles. Imaginez alors le temps que nous avons perdu. Si dès le début de notre scolarité nous apprenons à développer notre singularité et la tolérance envers les autres, je suis sûr que de nombreux aspects de notre vie et nos modes de fonctionnement seraient différents. Mais aujourd’hui avons-nous les moyens de le faire ? Nos enseignants sont-ils formés et préparés à accueillir la singularité de leurs élèves ? Les règles de grammaire ne changeront pas, leurs méthodes d’enseignements non plus. Je pense qu’il faut réellement réfléchir à l’organisation du parcours scolaire pour intégrer des heures dédiées à l’expression de la singularité. N’étant pas enseignant, il m’est difficile de savoir si c’est réellement possible ou pas. Néanmoins il existe des exemples et c’est auprès d’Alexandra Devaux, professeure des écoles et formée à l’accompagnement de la haute sensibilité par l’Observatoire de la sensibilité, que je vais piocher mon exemple. 

Depuis quelque temps, et ce régulièrement, Alexandra nous partage le quotidien de sa classe et de son travail auprès de ses élèves. Je vous invite d’ailleurs à lire ses chroniques sur le site de l’Observatoire que je trouve particulièrement enrichissant. Dans sa chronique du 6 mai 2023, Alexandra nous partage : “Ils sont arrivés tout petits et ils ont bien grandi. Ils ont appris à se connaître pour mieux se comprendre, pour identifier leurs forces et leurs faiblesses, pour se faire confiance. Ils ont appris à se connaître pour mieux comprendre et accepter les autres.” C’est donc possible ! Il n’y a pas longtemps je me suis également renseigné sur les méthodes d’enseignements au Danemark. En effet, de 6 à 16 ans, les jeunes suivent obligatoirement des cours d’empathie. Bon nous nous éloignons de la singularité, mais ça peut aider les élèves à se soutenir entre eux, s’écouter, s’entraider et ainsi améliorer leur bien être ! Je n’ai malheureusement pas trouver des chiffres clefs qui puissent illustrer la réussite de ce modèle. Mais je suis et certains que cela porte ses fruits. N’oublions pas que les générations d’aujourd’hui sont les adultes de demain. Nous construisons un monde pour eux, mais c’est eux qui prendront la relève et qui donneront le flambeau à d’autres générations. L’éducation a de grands enjeux qui ne portent pas uniquement sur le bien être des êtres humains mais qui s’étend à la planète tout entière ! Mais ça c’est un autre débat ! 

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