Presque un quart de la population est hautement sensible. C’est beaucoup quand on y pense, vous ne trouvez pas ? Alors pourquoi nous sentons-nous si seul.e.s parfois ?
Je n’ai pas vraiment de réponse. Je pense que beaucoup de facteurs entrent en compte. L’un d’eux est que beaucoup de personnes hautement sensibles se « conforment » à la société, cachent leurs émotions dans la peur d’être jugées ou d’être perçues comme “bizarre” par les autres… En vérité, je pense que c’est un sentiment qui nous a tous effleuré en tant qu’HS. On a surement tous déjà eu l’impression d’être différent à un moment ou à un autre car nos émotions prenaient le dessus alors que les autres semblaient réagir de façon tout à fait banale au même évènement. Combien de fois on m’a répété que je devais m’endurcir, devenir plus forte, arrêter de “pleurer pour un rien”, que j’étais trop sensible, que je prenais tout trop à coeur, qu’il fallait que j’arrête de me poser des questions sans arrêt… Le souci avec toutes ces phrases et ces fausses croyances qu’on nous répète sans cesse, c’est qu’on finit par y croire. On devient convaincu que c’est nous le problème, qu’on est faible, fragile… Et si on se sent trop différent, pendant trop longtemps, alors je comprends que certaines personnes décident de se cacher, elles-mêmes et leurs émotions, pour ne pas souffrir.
J’aimerais cependant vous dire avec certitude que plus on s’accepte tel qu’on est avec sa sensibilité, plus on accueille ses émotions, sans essayer de les renier, les cacher ni les restreindre, plus on les vit et les laisse s’exprimer, plus nous allons reconnaître les personnes sensibles autour de nous et plus on est capable de les voir sur notre chemin. La raison à cela est très simple : c’est car on emprunte enfin une voie qui est en harmonie avec nous-mêmes et qui nous sommes vraiment. Ainsi, sans être entièrement défini par notre haute sensibilité (qui est un tempérament avec plein d’autres traits de caractère), il est tout de même préférable d’accepter que nous ressentons plus intensément que les autres, et que c’est ok. C’est ok d’être hautement sensible. C’est ok d’être vous. Être plus sensible ne va pas vous fermer des portes au nez, ça ne va pas non plus vous couper du reste du monde, contrairement à ce que j’ai longtemps pensé pour moi… Si vous avez l’impression que vous n’êtes pas faits pour vivre dans ce monde, sur cette planète ou à cette époque (c’est aussi un sentiment que j’ai longtemps ressenti), vous vous trompez.
Vous vous trompez car votre haute sensibilité, et votre sensibilité tout court, est ce qui vous rend humain.e.s, présent.e.s et attentif.ve.s au monde. Charlotte Wils (coach spécialisée dans l’accompagnement des personnes hypersensibles), parle d’une « hyper présence au monde ». Je trouve cela très juste, car en effet, si être hautement sensible est parfois difficile à vivre, cela nous permet de vivre tellement de belles choses. Vous voulez savoir pourquoi ? Car chaque petite joie, chaque petit bonheur est vécu intensément et de manière profonde. Ce qui nous fait du bien nous fait VRAIMENT du bien. Un sourire, un rayon de soleil qui vient nous réchauffer, un rire, une odeur qu’on aime… Tout peut devenir une immense joie. N’est-ce pas merveilleux ? Vous me direz peut-être que, pour les personnes non hautement sensibles, tout ça leur fait du bien aussi. Oui, c’est vrai. Bien sûr que les personnes non hautement sensibles vont ressentir cette grande joie; simplement, pour nous HS, cette joie sera considérable. Cela rejoint la sensibilité avantageuse dont je vous parle dans cet article. Une étude de Michael Pluess a en effet démontré en 2017 que les personnes hautement sensibles sont prédisposées à retenir et remarquer davantage ce qui est positif autour d’elles. Les HS tireraient un plus grand avantage à tout ce qui leur est bénéfique (relations affectives, gentillesse, contact d’un art…). Il faut retenir que la sensibilité avantageuse signifie que les personnes hautement sensibles ont réellement la capacité de bénéficier de leur grande sensibilité. (Et heureusement !).
J’espère qu’avec cet article, je vous aurais donné l’envie de ne plus vous cacher si vous êtes tenté.e de le faire, ni vous, ni votre sensibilité. Je comprends que ce soit effrayant. Ça nous oblige à libérer plein de choses qu’on garde à l’intérieur, ça peut secouer un peu… Comme pour tout, le plus difficile est de franchir le cap. Il faut y aller doucement, comme on le sent. Et surtout quand on est prêt.e (sommes-nous jamais entièrement prêt.e.s ?)
Pour clarifier un peu mon propos, j’aimerais ajouter une dernière chose : reconnaître et accepter sa haute sensibilité est une chose, mais s’enfermer dans cette case en est une autre. Certes, c’est un soulagement lorsqu’on est enfin alignés avec qui nous sommes, mais l’idée n’est pas de le revendiquer sur tous les toits pour se sentir enfin exister, au risque de rejeter les autres, ceux qui ne sont pas HS ou ceux qui ne comprennent pas certaines de nos réactions… Au même titre que cette haute sensibilité ne doit pas être une excuse à chacun de nos comportements, les personnes à la sensibilité élevée ne sont pas meilleures que les autres, supérieures, plus gentilles ou plus je ne sais quoi. Être sensible ne fait pas de nous des grands sages, chacun est différent, HS ou non, et il ne faut pas l’oublier. (Un article sur ce sujet est à venir la semaine prochaine, stay tuned !)
Note : Si vous lisez un peu entre les lignes, vous comprendrez que j’évoque dans cet article la solitude que l’on peut ressentir lorsqu’on est hautement sensible. Cette grande question de la solitude, j’ai prévu d’en parler dans un article qui est en cours de rédaction. La solitude est un sujet très important pour moi. Je ne sais pas quand cet article sortira car j’essaye d’y parler de mon histoire, et j’ai un peu de mal encore à vous parler de moi. Pourtant, je sais bien que c’est en entendant le voyage de quelqu’un d’autre que nous nous sentons moins seul.e.s, car on se rend compte que nous sommes tous interconnecté.e.s dans cette vie que nous menons ensemble.
A très vite pour de nouveaux articles, et merci de m’avoir lue,