Définition de penser : concevoir, réfléchir et méditer
Beaucoup de personnes hautement sensibles vous le diront : “ je pense trop ! ”. Nous avons vraiment cette impression d’avoir notre cerveau en ébullition 24h sur 24h et de ne pas pouvoir le mettre sur off pour avoir un peu de répit. Dans cet article je décortique un peu ces pensées parfois trop prenantes, en vous révélant quelques résultats de mes recherches et en vous donnant aussi mon retour d’expérience.
Un cerveau qui analyse en profondeur
Nous l’évoquons dans plusieurs de nos articles, notamment dans la définition de la haute sensibilité, la caractéristique première des personnes hautement sensibles c’est qu’elles sont très fortement stimulées par le monde qui les entoure. Tous nos sens sont en alerte et notamment la vue. Ceci permet de voir de petits détails subtils, d’où la capacité d’observation. Etant donné que le cerveau reçoit beaucoup d’informations d’un coup, il lui faut un temps long pour analyser ces stimuli et qui plus est, les analyser en profondeur. Éveillé ou endormi, le cerveau est constamment actif, si bien que l’analyse mijote même inconsciemment et peut rester figée sous forme de souvenirs. Par ailleurs certains stimuli ne sont pas forcément liés au monde environnant, ils peuvent être à l’intérieur comme la faim, la soif, la douleur ou tout autres besoins liés à notre corps. Ce cerveau en perpétuelle activité pousse à s‘interroger sur tout… Nombre d’entre nous sont alors extrêmement curieux et ont besoin d’une réelle intensité dans leurs conversations pour nourrir notre cerveau. En effet, j’en fais moi même l’expérience tous les jours. J’adore apprendre de nouvelles choses, connaître un avis différent du mien. J’aime avoir des nouvelles pistes de réflexions, sinon j’ai tendance à très vite m’ennuyer… C’est pour ça qu’actuellement je me pose énormément de questions sur mon avenir professionnel… Mais je reviendrais sur ma vie professionnelle dans un prochain article. J’aime découvrir de nouvelles choses mais d’un autre côté j’ai besoin d’un laps de temps assez conséquent pour les assimiler, parfois même pour répondre à certaines interrogations internes ou externes. Ça ne vous est jamais arrivé qu’on vous pose une question, que vous connaissiez la réponse mais que vous n’y répondiez pas ? Pourquoi selon vous ? Parce que certains d’entre nous ont besoin d’un temps afin d’approfondir une éventuelle réponse, de retourner cette question dans tous les sens. Moi c’est constant, et je réponds souvent pas “ je ne sais pas ”, “ je verrais plus tard ”, “ je peux pas répondre maintenant ”…
Notre cerveau a un mode de fonctionnement différent, nous faisons plus appel à notre hémisphère droit que gauche. Cette région du cerveau fait en effet appel à la créativité, aux souvenirs, à l’intuition et aux émotions, alors que l’hémisphère gauche est beaucoup plus cartésien, logique, voire mathématique. Avant de découvrir mon hypersensibilité je n’avais jamais fait attention au fait que je fais énormément confiance à mes intuitions, comme si j’avais une alerte dans la tête qui se mettait en route pour me dire “danger, ne va pas là, ce n’est pas une bonne idée”… Et c’est souvent véridique… Cette envie profonde de connaître pleinement les choses et d’aller au bout de nos pensées, nous mène à des réflexions très intenses avec une infinité de réponses, c’est ce que nous appelons la pensée en arborescence.
Un véritable labyrinthe
La pensée en arborescence est tout à fait fascinante. Pour vous schématiser grossièrement ce qui se passe dans le cerveau d’une personne qui en est dotée, je vais vous donner un exemple. Aujourd’hui quand vous voulez vous rendre d’un point A à un point B, vous allumez votre GPS qui vous donne généralement le chemin le plus court ou le plus rapide. Là où certains vont voir un seul ou deux chemins et suivre leur GPS, d’autres vont en voir une multitude. Et qu’importe que le chemin soit long ou non, ce qui compte c’est l’expérience que va nous apporter le trajet parcouru. C’est ça la pensée en arborescence. Quand nous commençons à réfléchir, plein de portes s’ouvrent à nous. Nous allons en franchir une, puis deux autres vont apparaître devant nous, puis finalement nous faisons machine arrière et oh surprise, de nouvelles portes sont apparues. Et ça c’est sans fin… Je vous laisse imaginer très clairement à quoi ressemblent mes nuits quand je commence à cogiter…
C’est lorsque j’ai atteint l’adolescence que les premières insomnies ont commencé. Aujourd’hui j’en ai un peu moins mais ça reste quand même récurrent. Plus jeune, là où nous sommes en quête d’identité et que les premières questions se posent à soi, je pouvais passer des nuits entières à me questionner. Et le pire c’est que je ne trouvais pas de réponses… Ces pensées étaient écrasantes, et plus je m’interdisais de délibérer dans mon esprit, plus les interrogations venaient et plus je m’énervais. A l’heure actuelle, étant plus en phase avec moi même, je me pose moins de questions, donc je passe des nuits plus sereines. Néanmoins, il m’arrive encore régulièrement de parcourir le labyrinthe de mes pensées. Si bien que par moment, quand je marche et que je suis dans ma tête, j’ oublie le trajet que j’ai fait. Cette pensée en arborescence est totalement épuisante. Et quand nous savons tout le chemin que notre cerveau va parcourir, nous sommes fatigués d’avance rien qu’en y pensant. Ajoutez à cela des émotions intenses, d’autres choses qui viennent nous stimuler et vous obtenez des personnes au bout du rouleau rapidement. C’est pour cela qu’il est important de faire une pause et se couper du monde un temps, dans un espace à soi. C’est un temps que nous nous accordons pour nous et même encore les pensées sont encore bien présentes et synonyme d’introspection.
L’introspection : trouver des réponses à ses interrogations intérieures
Au-delà des interrogations guidées par l’extérieur, une personne qui rumine constamment a tendance à s’interroger elle-même. Ici il s’agit de se comprendre soi-même (cf mon article où je traite des différentes intelligences), d’effectuer une remise en question permanente. C’est notamment mon cas. J’analyse souvent mon comportement, la manière dont j’ai réagi par rapport à une situation donnée. Et je trouve toujours des choses à redire. Ce n’est d’ailleurs pas toujours évident à gérer… Même si au fond de moi je sais qui je suis, par moment j’ai l’impression d’être totalement perdu, et loin de ma propre identité. Je me dis que des fois cela est sans doute dû à tout ce qui me traverse. A force de retourner certaines questions en long, en large et en travers, on a tendance à s’oublier soi- même. Parfois je reviens sur certaines choses et je me dis j’aurais dû réagir comme ci ou faire ça. Je sais que cette phase d’introspection et remise en question est importante, car elle me permet de me recentrer et de reprendre des forces pour affronter les agressions extérieures. Quand je ne vais pas très bien, mes proches le remarquent assez rapidement, je suis plus calme que d’habitude car je suis dans mes pensées constamment et je décroche facilement des conversations. C’est d’ailleurs parfois troublant. J’écoute quelqu’un parler et un détail ou une parole m’interpelle et là c’est parti pour le David en phase analyse.
Mon retour d’expérience
Cet article n’a pas été simple à rédiger tant le sujet est complexe. Et puis il faut dire aussi que je suis moi même victime de mes pensées. Cela influe notamment sur ma manière de rédiger et ma concentration. Lors de mes premiers articles j’avais tendance à laisser mes mots sortir au fil de mes pensées pour plus de spontanéité. Sauf que cette technique me menait à de multiples réflexions, ça partait dans tous les sens et au final je faisais des articles plutôt courts car j’étais vite épuisé. Aujourd’hui, quand je commence un article, j’ai un petit plan à côté de moi que j’ai élaboré au préalable afin de mieux les construire. Je rajoute des petites choses au fur et à mesure mais je suis une ligne directrice. Par ailleurs, si je sens que mes pensées sont trop lourdes et que j’ai besoin de me changer les idées, je joue aux jeux vidéo ou j’essaye de me trouver une activité. Du coup j’ai des week-ends plutôt chargés et je suis rarement assis à ne rien faire. Je ne refoule pas forcément tout ce qui se passe dans ma tête, mais par moment pour les éteindre c’est la seule solution que j’ai trouvé. C’est quand même lourd par moment de trop penser, car ça joue énormément sur ma concentration, et puis j’ai l’impression d’être fou. Dans certaines conversations je vais passer du coq à l’âne parce que tout d’un coup quelque chose me traverse… Néanmoins, penser reste pour moi quelque chose de positif.
Descartes disait : ” Je pense donc je suis ”. Par ce cogito, il entendait par là que douter de ses croyances, connaissances et opinions, c’était finalement se remettre en question et penser. Et finalement penser pour lui était la nature même de l’humain : être. Cette phrase m’a énormément marqué et aujourd’hui j’assimile la pensée comme ma propre nourriture tout en évitant d’en faire des vérités absolues.
Finalement penser, douter, se remettre en question c’est être en vie ! De quelques manières qu’elle se manifeste, en arborescence ou non. Vous l’aurez donc compris, la vie intérieure d’une personne hautement sensible est riche. Et n’ayez pas peur de l’exprimer, entre nous en se comprend. Partagez votre richesse, faites en profiter aux autres et vous verrez que vous recevrez beaucoup plus que ce que vous avez mis sur la table.
Quelques suggestions bibliographiques :
- Christel Petitcollin, Je pense trop : comment canaliser ce mental envahissant, Ed. Guy Trédaniel, 17,5€
- Les ouvrages de références dont nous vous parlons dans ces deux articles ci : Les Must Read et L’hypersensibilité pour les Nuls.