Hello chères lectrices et chers lecteurs, aujourd’hui je vous retrouve pour vous parler du magazine Psychologies, que vous connaissez sûrement, et de son édition de juillet 2021, qui consacre un dossier spécial nommé “l’ultrasensibilité, super pouvoir ?”. Accrochez-vous, car j’ai énormément de choses à vous dire à propos de ce dossier !!! Avant de commencer, j’aimerais simplement vous rappeler la définition de l’ultrasensibilité. C’est un terme que Saverio Tomasella a choisi pour désigner les personnes très sensibles qui vivent leur sensibilité de manière positive, à la différence de l’hypersensibilité, qui par sa connotation négative, renvoie à l’idée que l’on vit mal sa sensibilité. Pour en savoir plus, je vous invite à consulter notre article définitions, on vous y explique tout.
Une belle surprise
Contrairement aux magazines féminins qui racontent un peu tout et rien à la fois sur ce sujet, Psychologies (que j’aime beaucoup!), aborde dans un dossier de dix-sept pages la haute sensibilité en interrogeant les grands spécialistes : Elaine Aron, Saverio Tomasella ou encore Anne Landry. Au programme :
- une analyse “à fleur de peau” de la sensibilité et ses enjeux actuels (notamment l’effet de mode dont je vous parlais il y a peu ICI),
- un focus évoquant le fameux DOES de Elaine Aron, dont on vous parle ICI sur le blog
- un entretien avec Elaine Aron, un test pour savoir quel pouvoir nous donne notre haute sensibilité (empathie, créativité, intuition ou engagement)
- des conseils de Saverio Tomsella afin d’avoir un quotidien plus serein
- une “trousse d’urgence” avec des exercices afin de faire baisser la pression
- un témoignage de Barthélémy Maurice, qui a publié il y a quelques mois un ouvrage sur sa haute sensibilité intitulé Fort comme un hypersensible, accompagné de Charlotte Wils, dont vous avons déjà parlé ICI.
La lecture de ce dossier spécial a été une très belle surprise pour moi. J’ai trouvé que le magazine expliquait très justement ce qu’était le tempérament hautement sensible, sans jugement aucun, tout en donnant des références (émission de radio, ouvrages…). De plus, ils ont évoqué plusieurs points très intéressants que nous avons déjà abordé sur le blog, dont l’effet de « mode ». Si dans le magazine, Saverio Tomasella se navre de cette vague de haute sensibilité, c’est car il s’inquiète que celle-ci entache toute la démarche thérapeutique de la sensibilité, de la même façon que la vague des pervers narcissiques il y a quelque temps… Elaine Aron, de son côté, semble ravie que la haute sensibilité connaisse autant de succès, car selon elle, cela ne peut que contribuer à faire connaître le sujet. J’imagine que les deux points de vue sont vrais et qu’il faudrait un juste milieu. Il n’en reste pas moins qu’il est très intéressant de pouvoir confronter les avis de deux très grands spécialistes du sujet. Aussi, selon Elaine Aron, si la haute sensibilité connaît une vague de succès, c’est car il y a encore quelques années, on donnait à ce tempérament le nom de timide ou d’introversion, et que l’apparition du nom “haute sensibilité” a permi au monde d’en parler davantage. (A noter que les personnes hautement sensibles ne sont pas forcément timides ou introverties ! Nous vous en parlons juste ICI).
“L’ultrasensibilité, un super pouvoir ?”
Pour en revenir au titre du dossier spécial de Psychologies, je me questionne souvent sur ce sujet. Est-ce que nous, les personnes très sensibles, avons un super pouvoir ? Un don ? Est-ce que notre haute sensibilité nous rend meilleurs ? Personnellement, je ne crois pas. Je vous l’ai d’ailleurs déjà dit dans un article. Quand on fait la liste de toutes les caractéristiques de la haute sensibilité, on a l’impression que c’est génial, que nous sommes des êtres parfaits, bienveillants et des bisounours. Or, il ne faut pas oublier que la sensibilité est juste une partie de nous, que toutes nos autres qualités, nos défauts et notre histoire font de nous qui nous sommes. Il n’y a pas deux personnes hautement sensibles qui se ressemblent. Nous avons beau être sensibles, nous réagissons différemment. Il n’y a qu’à voir David et moi, nous sommes très très différents car nous n’avons pas du tout la même personnalité, ni la même histoire… Je crois que la haute sensibilité n’est ni un don, ni un super pouvoir, mais que comme pour toute chose, une fois qu’on l’accepte, qu’on l’apprivoise, alors cela nous rend meilleur. Un peu comme si vous aviez les cheveux très bouclés, que pendant des années vous n’arriviez pas à les coiffer et que vous les trouviez moches… Un jour, vous découvrez les bons outils pour les coiffer et les rendre brillants, et ce jour-là, vous êtes une nouvelle personne. Savoir coiffer vos cheveux et les mettre en valeur vous a fait devenir la meilleure version de vous-même. Ça marche aussi avec la confiance en soi et tout plein d’autres choses. Vous avez suivi ? La haute sensibilité c’est bien, mais cela dépend de ce qu’on en fait et de comment on la vit. Elaine Aron le dit, apprivoiser notre nature est une sorte de super pouvoir dans la mesure où cela nous permet de mieux nous ouvrir aux autres et au monde, et en cela de faire du bien à la société. En somme, apprendre à nous comprendre et nous aimer participe au bien commun, et je suis assez d’accord avec cette idée. Ce qui m’a beaucoup plu dans l’entretien d’Elaine Aron, c’est que justement, elle insiste sur le fait que la haute sensibilité n’est pas un don du ciel. En lisant ça, je me suis dit « ouf ! ». Les personnes très sensibles n’ont rien en plus ni en moins, elles fonctionnent juste différemment.
La haute sensibilité, un fardeau ou un cadeau ?
Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais on lit beaucoup sur les réseaux et ailleurs que la sensibilité est un genre de pouvoir magique… Je crois que la haute sensibilité est un avantage à partir du moment où on la vit bien. Comme je vous le disais plus haut, cela fonctionne pour tout : patience, confiance en soi… Cependant, je m’interroge. Si la sensibilité est un cadeau, alors dans le cas contraire, elle peut être un fardeau. Et comme dirait Elodie Crepel (coach certifiée dans l’accompagnement des personnes hautement sensibles et Haut Potentiel, médiatrice familiale, autrice, formatrice et co-dirigeante de l’Observatoire de la sensibilité) ce n’est pas la haute sensibilité qui fait souffrir, mais bien ce qui est autour, comme par exemple le regard des autres à force qu’on nous dise qu’on est “trop sensible”, “pas assez fort”, qu’on devrait “gérer nos émotions” etc. La sensibilité en tant que telle n’est pas la vraie cause de la souffrance. Ce n’est donc pas un fardeau. Et puisque être sensible n’est pas un fardeau, cela ne peut pas être un cadeau non plus ! Vous me suivez toujours ??
Il est vrai que les aspects négatifs sont souvent mis en avant, dans la mesure où dans l’imaginaire de beaucoup, une grande sensibilité est perçue comme une fragilité, comme quelque chose de douloureux voire de difficile à vivre. Si vous vous interrogiez sur votre haute sensibilité, vous avez peut-être fait le test de Elaine Aron (lien ICI), disponible dans plusieurs de ses ouvrages (voir nos articles bibliographiques) et sur son site internet (en anglais). Dans ce test, on nous pose de nombreuses questions où il faut cocher des affirmations si elles nous correspondent ou non. Ce questionnaire a souvent été décrié par la communauté scientifique car il repose majoritairement sur les difficultés rencontrées par les personnes très sensibles. Par exemple : je suis facilement terrassé.e par les lumières violentes, les odeurs fortes, les tissus grossiers ; je sursaute facilement ; la faim provoque en moi de fortes réactions ; enfant, on me considérait comme timide, et caetera et caetera. Les affirmations plus ou moins négatives proposées par ce test peuvent faire penser que la haute sensibilité est un tempérament très difficile à vivre. Heureusement, avec un peu de recherches, on se rend compte que pas du tout ! Et figurez-vous qu’Elaine Aron et ses équipes sont en train de travailler à l’élaboration d’un nouveau test afin d’y ajouter des questions davantage “positives”, et ça, c’est super !
Un autre point très intéressant à noter dans le dossier de Psychologies concerne l’origine génétique de la haute sensibilité. Un grand débat chez les scientifiques persiste sur l’origine de celle-ci, tantôt innée tantôt acquise… Selon Elaine Aron, il est certain que ce tempérament se trouve dans nos gênes, pour d’autres cela est encore discutable. Saverio Tomasella parlait récemment d’un allèle dans un gêne qui pourrait être à l’origine de notre sensibilité, dans le sens où cet allèle ne nous permet pas de recevoir autant d’informations que les autres, nous rendant donc saturé.e.s très vite et offrant de plus grandes chances d’anxiété et de déprime. Je pense que nous vous ferons un article dédié à ce sujet car il y a beaucoup de choses à dire, et nous devons faire un peu plus de recherches pour ne pas dire de bêtise ! En attendant, si vous souhaitez vous renseigner sur ce sujet, je vous conseille de vous tourner vers la susceptibilité différentielle (dont nous vous parlons ICI) et vers Thomas Boyce (auteur de L’Orchidée et le Pissenlit, Ed. Michel Lafon, 2020, 18,95€)
Ce qui m’a interpellé dans ce magazine
Dans l’ensemble, j’ai trouvé ce dossier très étayé et très bien fait. J’ai trouvé les articles assez rafraîchissants, pertinents et documentés. J’ai pris du plaisir à tout lire ! J’ai été très contente de voir que les journalistes avaient bien distingué “ultrasensibilité”, “hypersensibilité” et “haute sensibilité”, mais ça je crois que c’est mon côté un peu perfectionniste… Il y a quand même deux trois petites choses qui m’ont fait tiquer. Notamment le mot “diagnostic”, qui apparaît à la seconde ligne du dossier. On nous dit : “ Tous hypersensibles ! C’est du moins ce qui ressort des cabinets de psys. Un diagnostic souvent posé par les patients eux-mêmes comme un antidote à l’âpreté de l’époque. C’est méconnaître le sujet.” Un peu plus loin on nous parle de la sensibilité comme d’un « symptôme » et d’une “étiquette” que les gens “se collent eux-même […] pour ne pas ouvrir les yeux sur des environnements et des situations insupportables.” Ça fait beaucoup de lexique médical vous ne trouvez pas ? La haute sensibilité n’est pas une maladie, une pathologie, un problème à résoudre ni un handicap, c’est un tempérament, un potentiel émotionnel à développer. Ce n’est pas quelque chose qu’on peut « guérir ». Je crois que ce qui était mis en avant dans cet édito était le fait qu’avec la période difficile que nous avons toutes et tous traversé, beaucoup de gens se sont dit hautement sensibles sans l’être (ça aussi on vous en parlé dans un article, juste ICI) et ont cherché à se “guérir” de quelque chose qui n’existait pas vraiment. C’est en cela que ces gens ont fait du tort à la cause de la haute sensibilité (vous vous souvenez, la fameuse vague dont se navre Saverio Tomasella au début de l’article). Bref, tout ce vocabulaire médical ne m’a pas plu, mais d’un autre côté, le message est passé. Encore faut-il savoir le lire.
Ce qui m’a également interpellé est le test “Quel pouvoir vous donne votre haute sensibilité ?”, conçu avec la psychanalyste Anne Landry. Je dois vous dire que j’adore les tests en tout genre. Test de personnalité (d’ailleurs je me tate à vous faire un article sur les seize types psychologiques…), test pour savoir quelle couleur serait idéale pour moi, test pour savoir dans quelle maison je serais à Poudlard (team Gryffondor)… Bref, j’adore ça. Et j’ai bien aimé celui-ci aussi. Il y a quarante affirmations. Là encore il faut cocher celles qui nous correspondent. Ensuite, en additionnant les résultats, on découvre notre pouvoir (empathie, créativité, intuition ou engagement). Sans surprise, sur quarante affirmations, j’en ai coché trente-deux. Tous les pouvoirs me correspondent, mais l’intuition l’emporte à un point près. Si je vous en parle c’est pour vous dire qu’en réalité, ce test n’est pas du tout à prendre trop au sérieux, c’est plus pour s’amuser, pour donner des pistes de réflexions. Il ne faut pas le prendre trop au pied de la lettre ni s’enfermer dans une case. J’ai fait passer le test à des membres de ma famille qui ne sont pas hautement sensibles, et sans surprise, ils ont coché beaucoup moins de cases que moi, à peine la moitié. Ils se sont un petit peu reconnus dans les résultats, mais sans plus… C’était intéressant de comparer entre nous.
Bref ! Voilà pour cet article autour de ce numéro de Psychologies. J’espère que ça vous a plu. N’hésitez pas à me le dire en commentaire. Est-ce que vous avez lu ce magazine ? De manière générale, que pensez-vous de Psychologies ? Si vous le souhaitez, vous pouvez feuilleter le magazine depuis le site internet en cliquant sur le lien suivant : https://www.psychologies.com/Psychologies-Magazine
- Psychologies, agir sur sa vie, juillet 2021, 4,90€. Actuellement en kiosque !